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Le vote électronique : avancer pour de bon et mettre fin à l’éternel état d’essai

Nous venons de l’entendre, c’est d’actualité La Poste Suisse travaille d’arrache-pied et parie sur une nouvelle solution de vote électronique à l’échelle du pays. Revenons sur l’historique et les enjeux actuels. La nouvelle phase d’essai hyper prudente proposée par la Confédération risque de retarder la modernisation du pays dans un domaine si essentiel qu’est le vote populaire

Une histoire déjà longue et lourde

D’abord, début des années 2000, le Conseil fédéral refuse catégoriquement le « e-collecting », la possibilité de récolter des signatures pour des initiatives populaires et des référendums par la voie électronique. Évidemment que davantage d’initiatives populaires et de référendums, donc de remises en question ne lui plaisent point. Il commence, toutefois, à encadrer très lourdement les possibilités de vote électronique dans une longue phase d’essai, ne rendant la tâche des cantons pas facile, et il faut le dire Genève a été pionnier. Récemment, dans un domaine un peu différent, le peuple refuse l’identification électronique (e-ID). Et aujourd’hui, le gouvernement fédéral veut, au lieu d’avancer pour de bon, « restructurer » la phase « d’essai » du vote électronique qui est à l’arrêt depuis quelques années dans tout le pays. Alors je propose de mettre fin à l’éternel état d’essai et de changer de paradigme.

Deux systèmes de vote électroniques fonctionnaient en Suisse : celui du Canton de Genève et celui de la Poste, or les deux sont à l’arrêt. Remarquez que l’on parle « d’essais » depuis près de 20 ans…La Confédération explique cela très bien, par la sécurité, la vérifiabilité, les contrôles encore et encore, cela vous rappelle le risque zéro et les mesures pendant la pandémie ? Finalement arrivent aussi la bureaucratie et les procédures complexes, comme si souvent : il faut encore une phase, encore une étude, encore un organe indépendant, encore un essai…Ici le zéro risque s’appelle « vérifiabilité complète ». Dans cette optique, l’ouvrage est remis sur le métier en proposant une révision de deux ordonnances (ordonnance sur les droits politiques, ordonnance sur le vote électronique) afin de recommencer…toujours et encore des essais sans date de fin précise (!). Tout cela, au lieu d’ouvrir les perspectives pour une véritable généralisation du vote électronique dans le pays. La question est pourtant simple : combien de temps encore faire des « essais » par rapport à la transaction la plus importante de notre démocratie, à savoir le vote du citoyen.

Peu d’obstacles informatiques

Osons le dire en 2021 : le vote électronique ne devrait pas être moins sûr que le vote sur papier, pas moins sûr que le e-banking ou que les transactions dans le commerce en ligne. Il devrait être le moyen le plus fiable, encore plus que le papier, beaucoup d’experts en informatique nous le disent aussi. Malgré toutes les failles du numérique en général et qu’il ne s’agit pas de minimiser ici, les exemples de scandales récents voire fraudes, vols et autres magouilles possibles du vote sur papier ne manquent pas, que ce soit en Suisse ou ailleurs dans le monde.

Alors que faut-il faire ? Évidemment, la meilleure technologie ne se décrète pas. Il faudrait plutôt laisser les cantons et les communes s’inspirer de l’innovation ailleurs et les laisser faire et refaire leurs expériences afin que le meilleur produit gagne. Ce meilleur produit pourrait aussi venir d’une entreprise typiquement suisse, ou peut-être pas. Une certaine standardisation de la meilleure solution informatique se mettra en place naturellement au niveau du pays. La technologie pourrait rapidement amener des solutions standardisées où les particularités cantonales s'effaceront alors naturellement. Le vote électronique généralisé faciliterait notamment la participation et l’engagement politique des jeunes. Au lieu de cela, l’essai proposé inclurait seulement 10% des électeurs sur le plan national et 30% sur le plan cantonal. Le projet actuel de la Chancellerie fédérale insiste aussi sur les Suisses de l’étrangers comme si la Suisse en tant que telle était moins concernée.  

Courage sur le terrain et en politique

Une partie de l’UDC se fait le champion depuis des années du vote anti-électronique. Le raisonnement est simple et rationnel : l’électorat jeune qui pourrait s’engager davantage avec l’outil électronique leur est dangereux. Même une initiative populaire avait été lancée avant la pandémie pour mettre en place un moratoire sur le vote électronique, toutefois les initiant ont eux-mêmes interrompu la récolte des signatures à cause de la pandémie.  Mais le débat va reprendre.  

Il faut donc du courage politique et aller voir ce qui se fait ailleurs, dans le privé, ou en Estonie au niveau de l’administration publique (même si c’est différent), par exemple. Dans l’ensemble, le sujet n’intéresse pas vraiment le politicien moyen ni à gauche ni à droite et en 20 ans, cela n’a pas beaucoup changé.

N’oubliions pas non plus que la Suisse a besoin d’une solution informatique unique étant donné son système politique de démocratie semi-direct unique au monde, on ne trouvera pas de pays duquel s’inspirer très concrètement au niveau du système de votation, car il n’y en a pas de semblable, tout simplement.

L’histoire se souviendra des acteurs politiques qui n’ont rien fait. Comme toute chose, elles débutent sur le terrain. Alors pourquoi pas montrer l’exemple et mettre en place le vote électronique à l’échelle de la société civile, des partis politiques, des associations etc. cela se fait déjà, faisons-le encore plus !

 

Commentaires

  • Je l'ai lu, vous écrivez très bien sur la musique, parce que vous aimez beaucoup la musique. Continuez à faire du bon travail !

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